LABIÉES

LABIÉES
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Les Labiées ou Lamiaceae constituent une vaste famille d’Angiospermes dicotylédones à fleurs gamopétales irrégulières, qui groupe surtout des plantes herbacées et sous-arbustives réparties dans le monde entier. Abondantes dans la région méditerranéenne, de nombreuses espèces appartiennent à «la vie de chaque jour» et sont utilisées en de multiples occasions: le thym, la sarriette, le romarin, l’origan, le serpolet sont des herbes aromatiques; les crosnes se consomment en légumes; la menthe, la germandrée sont utilisées dans la parfumerie; les sauges, les scutellaires, etc., constituent des plantes horticoles. Beaucoup d’espèces sont mellifères.

Type étudié: la sauge

Le genre Salvia est l’un des plus riches en espèces, probablement plus de six cents, dont une douzaine sont spontanées en France; il en existe un très grand nombre autour de la Méditerranée et en Amérique. Différant un peu du lamier blanc, type structural classiquement étudié, la sauge (Salvia pratensis ) est particulièrement intéressante par sa morphologie florale.

Comme chez presque toutes les Labiées, les tiges ont une section carrée dont les angles épaissis sont formés de cellules collenchymateuses. Les nœuds de la tige, très visibles, portent des feuilles régulièrement opposées et décussées (c’est-à-dire que chaque paire est décentrée à 900 par rapport à celle qui la précède ou la suit) qui peuvent axiller des bourgeons qui développeront latéralement, au niveau des nœuds, de petites touffes de feuilles ou des ramifications. Leur limbe est simple, lobé ou denté, assez rugueux avec une nervation souvent forte et bien apparente; elles sont fréquemment couvertes de poils (densément tomenteuses, presque toujours odorantes: essences dans des cellules épidermiques chez d’autres Salvia ).

L’inflorescence est, dans la plupart des cas, une longue «grappe» terminale, correspondant en réalité à des cymes axillaires latérales groupées en faux verticilles. Chacun de ces «verticilles» comporte à sa base deux bractées opposées parfois très larges et très colorées. La fleur est complète: les cinq sépales, soudés entre eux, forment un calice nettement bilabié; la corolle pentamère, bleu foncé, comprend à sa base un tube un peu arqué, légèrement plus long que le calice, terminé par deux lobes élargis, l’inférieur en lèvre à trois lobes, le supérieur en casque recourbé. Plaqués au fond du casque, se trouvent le style bifide, saillant, et deux étamines complexes: leur filet, assez court, porte un connectif différencié, avec une branche longue située dans le casque, et une branche courte, basale stérile. Cette structure semble adaptée à la visite des abeilles: ces dernières heurtent la base du connectif, ce qui a pour conséquence de faire pivoter et basculer la partie fertile; les anthères effleurent le dos de l’insecte qui se couvre ainsi de pollen; en pénétrant dans une autre fleur, il sera en contact avec le stigmate et pourra assurer la pollinisation. L’ovaire supère comprend deux carpelles, chacun en principe biovulé, et évoluera en un fruit complexe, appelé tétrakène par suite du développement de fausses cloisons; le style inséré à la base de l’ovaire semble alors s’échapper du centre des quatre «nucules» (style gynobasique). On constate aussi souvent l’existence de deux étamines stériles ou staminodes. La graine exalbuminée occupe presque tout le volume du nucule.

La sauge des prés se trouve en Europe jusqu’au Caucase. C’est un hémicryptophyte (plante vivace à rosette pérenne), typique de groupements herbacés, en particulier des pelouses ou prairies mésophiles.

Certaines sauges (dont Salvia officinalis ) sont utilisées depuis l’Antiquité et étaient encore cultivées au Moyen Âge, comme l’atteste la «Légende de la sauge», célébrée dans le Jongleur de Notre-Dame ; les sauges à fleurs rutilantes sont fréquentes dans les jardins. Le genre Salvia , homogène morphologiquement, est disparate quant au nombre chromosomique: il y aurait au moins six nombres de base (de 6 à 19).

Caractères généraux des Labiées

Les Labiées comptent plus de trois mille cinq cents espèces, quelque deux cents genres, répartis en sept sous-familles. La fleur est habituellement pentamère zygomorphe bilabiée; toutefois, chez les menthes, les pétales sont sub-égaux. Il y a typiquement quatre étamines fertiles, la cinquième n’apparaissant pas; parfois aussi, deux des étamines se réduisent à des staminodes. Ce sont la position du style et les caractères du fruit et de l’embryon qui permettent de distinguer les divers groupes. Les Ajugoïdées: bugles (Ajuga ), germandrées (Teucrium ) et romarins (Rosmarinus ), ont un style non gynobasique. Les lavandes (Lavandula ) ont des fleurs petites, sub-régulières, réunies en longs épis étroits. Les scutellaires ont un calice muni d’une écaille et un curieux embryon à radicule courbée. Les Prasiées possèdent des tétrakènes à nucules un peu charnus. Les Ocimoïdées, à étamines appliquées sur la lèvre inférieure, comprennent les Coleus (beaucoup d’espèces à feuilles panachées) et le basilic (Ocimum ). La sauge et la plupart des genres de nos régions appartiennent aux Stachyoïdées, auxquelles on rattache aussi de nombreuses plantes cultivées: Monarda , patchouli, marjolaines, Perilla , Leonotis , Physostegia , etc.

Écologie et biologie

Un certain nombre de Labiées abondent dans des groupements méditerranéens de sous-arbrisseaux odoriférants (garrigues et tomillares): Thymus , Phlomis , Sideritis , Ziziphora , etc. Le romarin sécréterait des toxines racinaires inhibant la germination d’autres espèces. Parmi les lavandes sauvages, le L. stoechas caractérise, en France, les sols acides, les L. vera et latifolia sont fréquents dans les montagnes calcaires à faible altitude. On cultive en Provence un hybride stérile, le lavandin. Certaines Labiées tropicales sont étroitement liées à des milieux précis: ainsi, au Katanga, la «fleur de cuivre» (Haumaniastrum ). Les Tetrachondra de l’hémisphère austral sont de petites herbes à aspect de mousses; les Hyptis américains comportent des arbres. La pollinisation est souvent entomophile (sauge); l’hybridation peut être fréquente et complexe (menthes); la polyploïdie, accentuée; chez le gléchome, petite plante de sous-bois, on observe de dix-huit à trente-six chromosomes. La protérandrie nécessite aussi souvent la fécondation croisée (sauge). Chez un Alvesia africain, le calice s’enfle en petite outre parcheminée. L’appareil souterrain tubérisé des crosnes (Stachys affinis de Chine et du Japon) est comestible. Les Labiées fournissent des essences: menthols, thymols, citrals, camphres, etc.

Affinités

Les Labiées, dont certaines sont connues depuis l’Oligocène, appartiennent à un groupe homogène de Dicotylédones gamopétales, souvent réunies dans l’ordre des Tubiflorales (= Solanales), avec les Solanées, les Convolvulacées, les Borraginées, les Scrofulariacées. J. Hutchinson les place au sommet de l’évolution du phylum des Herbacées, considérant comme très éloignées Labiées et Verbénacées. Pour L. Emberger, les structures très proches de ces deux familles conduisent à les considérer comme un maillon évolué du phylum des Contortales-Tubiflorales.

labiées
n. f. pl. BOT Famille de plantes dicotylédones, souvent aromatiques, à fleurs labiées, comprenant notam. la menthe, la sauge, le basilic.
Sing. Le thym est une labiée.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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